Chorégraphe montréalaise et figure majeure de la danse Hip Hop au Québec, c’est en 2005 que Spicey débute sa carrière de chorégraphe. Sa passion pour cet art nait dans les années 80 alors qu’elle est toute petite. La relation symbiotique qu’elle entretient avec la danse et la culture Hip Hop dans son travail chorégraphique constitue l’essence de sa signature artistique.
Spicey débute sa carrière en danse comme interprète et professeure. À titre de chorégraphe indépendante, elle présente trois œuvres au Québec avant 2015 dont Retrospek (2008, 9 interprètes), qui influence une génération de danseur.euse.s de rue montréalais.es. Récompensée par la bourse RIDEAU-Entrées en scène Loto-Québec en 2009, Retrospek est présentée chez une vingtaine de diffuseurs. Dans le même temps, le Festival Bust A Move qu’elle a fondé (2005−2015) s’impose comme la plus grande compétition de danses de rue au Canada (jusqu’à 3 500 spectateur.rice.s et participant.e.s annuellement) ; la TOHU en devient le co-présentateur en 2010.
Désirant pousser loin ses aspirations artistiques, et faire rayonner la création et les artistes en danse de rue, Spicey fonde en 2015 la compagnie de danse Ebnflōh. Entourée de complices et de pairs, elle y aborde le langage Hip Hop sous un nouvel angle chorégraphique, à la fois exploratoire, radical et authentique. Fidèle à l’intention et à la forme, elle pousse la recherche et l’expérimentation. Dans la matière bouillonnante et dense des corps, son travail explore nos relations intimes et sociales, nos modes de fonctionnement et d’interaction. Diplômée en psychologie, elle est aussi profondément inspirée par la musique, le théâtre, le cinéma et les arts visuels. Dans les dernières années, elle s’est formée en réalisation cinématographique pour la danse.
Avec Ebnflōh, Spicey crée Complexe R en 2015 au MAI (Montréal, arts interculturels) avec 5 interprètes féminines, une œuvre inspirée de nos obsessions. Le spectacle voyage jusqu’à New York et Amsterdam. En 2019, la chorégraphe met en scène 6 individu.e.s isolé.e.s dans son œuvre In-Ward, avec laquelle elle remporte le Prix Révélation des Prix de la Danse de Montréal. Le jury souligne “la puissance de la démarche chorégraphique” de Spicey et “sa signature [qui] se distingue par sa profondeur”. La pièce est finaliste du 35e Grand Prix du Conseil des arts de Montréal en 2020. In-Ward est présentée 50 fois au Canada, en Écosse et en Allemagne de 2019 à 2023.
Durant la pandémie, la chorégraphe met au monde deux œuvres pour la webdiffusion : Hanging by a Thread (8 interprètes) présentée par DanceWorks (Toronto), et le duo Ever Endeavor, une commande chorégraphique pour le Centre National des Arts (#DansEnvol). En 2021, Spicey livre un moment de danse en toute liberté dans le film TESSEL d’Esie Mensah, auquel elle participe avec 14 artistes noir.e.s. du Canada. Danse Danse présente en octobre 2021 au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts sa création La Probabilité du Néant (8 interprètes) ; l’œuvre a été reprise à Vancouver fin 2023. À titre de réalisatrice et chorégraphe, elle a aussi finalisé aussi son premier court-métrage de danse, Le Néant.
Mōnad, sa dernière création, a été présentée par Danse-Cité à La Chapelle Scènes Contemporaines, du 4 au 13 avril 2024. La chorégraphe travaille actuellement sur une nouvelle pièce.
Interprète et professeure de danse Hip Hop depuis plus de deux décennies, Spicey est régulièrement invitée à enseigner (TransFormation Danse, “Focus on Dance Research” Université Concordia, École nationale de cirque de Montréal, Circuit-Est, Studio 303, RQD, etc.), et à juger des compétitions de street dance ici et à l’international. Elle a agi en tant que coach de danse pour le Cirque du Soleil (Michael Jackson : The Immortal World Tour). Comme chorégraphe, elle a notamment collaboré avec le Festival Mode & Design (Montréal) et Radio-Canada. On la retrouve comme conseillère au mouvement sur plusieurs productions théâtrales (Black Theatre Workshop, Arrivals Legacy Project, Chokola présentée à La Licorne en 2023, etc.). Elle est co-commissaire invitée du MAI (Montréal, arts interculturels) avec les artistes Lara Kramer et Angie Cheng pour 2021 – 2025.
Fortement engagée à soutenir la relève en street dance, Spicey conçoit et dirige B‑Side depuis 2019, un évènement annuel produit par Ebnflōh, qui se dédie au perfectionnement des danseur.euse.s de rue. Elle offre aussi des ateliers et du mentorat à des artistes émergent.e.s. Elle a siégé sur plusieurs Conseils d’administration dont celui du Regroupement québécois de la danse dont elle était la vice-présidente de 2020 à 2022, et celui de Jack Of All Trades (Festival JOAT) depuis 2021.
Ebnflōh est née de ma volonté d’explorer et de porter sur les scènes contemporaines un langage chorégraphique Hip Hop original, authentique et novateur. En 2015, j’ai fondé cette compagnie de danse à Montréal, devenant ainsi une pionnière de la recherche et de la création en danse Hip Hop. Notre engagement s’est illustré en 2020 lorsque notre œuvre In-Ward a été finaliste du 35ème Grand Prix du Conseil des arts de Montréal.
Le langage chorégraphique et l’esthétique singulière d’Ebnflōh se développent à travers ma relation avec la danse et la culture Hip Hop, ainsi que la recherche et l’innovation. Le nom “Ebnflōh”, prononcé “Ébenflo”, provient du terme anglais “ebb and flow”, marquant l’action et la réaction, le flux et le reflux, la constance et le changement. Enrichie de précieuses collaborations, Ebnflōh imagine de nouvelles façons de créer et de partager ses réflexions sur des enjeux sociaux, artistiques et psychologiques.
Mes œuvres, intenses et sans compromis, cherchent à faire dialoguer corps et espace pour incarner des perspectives politiques, brutes et candides sur nos vies. J’y explore la confusion, le vertige, la solidarité, l’aliénation, le dérapage, plongeant profondément dans la psyché et les manières dont les relations nous affectent.
L’exploration de la psyché humaine me fascine profondément. Les motivations, la façon dont nous affrontons notre propre être, et le rôle des relations dans nos vies sont des questionnements qui m’obsèdent. Je puise ma créativité dans cette quête incessante de comprendre l’être humain même lorsqu’elle me conduit à des territoires absurdes. La complexité de l’âme humaine, les thèmes de la folie et de l’ineffable sont des sujets inépuisables qui nourrissent constamment mon inspiration artistique.
Mon travail dialogue avec la musique, le cinéma et la performance, cherchant à connecter les individus à travers le Hip Hop et à susciter l’intérêt d’un public ouvert et curieux de s’interroger sur des questions existentielles.
Mon désir est d’explorer le médium du cinéma et de m’engager dans une réflexion continue sur la création et la recherche artistique qui s’est renforcée à travers mes collaborations avec Vidéo Company, Frédérique Dumas ‘Pax’ et Ja-James Britton-Johnson. Les conversations qui ont émergé ont ouvert de nouvelles perspectives cinématographiques, alimentant ainsi ma volonté de porter la danse et l’art en général à l’écran.
Sur le plan cinématographique, ma démarche artistique se distingue par une dynamique singulière par rapport à ce que j’ai pu observer en danse à l’écran. Là encore je souhaite décloisonner le Hip Hop de ses clichés qui subsistent dans l’imaginaire collectif en privilégiant l’exploration et l’originalité.
Je partage aussi mon expertise en tant que conseillère en mouvement pour le théâtre, collaborant notamment avec le comédien Étienne Lou sur certaines de ses créations. Contribuant au développement continu de l’excellence artistique au sein de notre communauté, j’aspire à créer un héritage artistique dynamique et pérenne, nourri par l’échange intergénérationnel et la transmission de savoirs.
Ebnflōh incarne un mouvement artistique en constante évolution, refusant les conventions afin d’explorer de nouvelles frontières de l’expression chorégraphique. Mon approche dynamique se nourrit de l’influence et de l’inspiration que je puise auprès de mes collaborateur.rice.s, créant ainsi un espace artistique où l’authenticité et la créativité sont les piliers de mon engagement.